L'imposture totale
ou comment faire une voie mythique en n'ayant absolument pas le niveau. Quand Régis me propose ce mythe, j'ai évidemment envie d'y aller tout en sachant que c'est une voie pour grimpeur de (gros) 7 comme lui et pas pour baltringues comme moi. Surtout que le style annoncé comme très technique ne pardonne pas et risque de faire apparaitre mes lacunes en pose de pied.
Il y a près de 500m, 17 longueurs, dont 6 en 7a/b, et le reste, à part un 6a,est dans le bon 6c. Bref pas pour moi, mais l'ami sait se montrer persuasif, avec son habituel "Bah, c'est de la dalle, ca va le faire".
Bon, je pressens au vu des commentaires que c'est un peu plus que ça mais je me dis que ca lui permettra de faire une belle croix, il le mérite ! quant à moi, cela fera au moins une journée marquante avec un bon copain, c'est donc parti.
On dort au pied, un peu la flemme de partir la veille pour dormir au refuge même si cette cabane mystérieuse est assez attirante.
Grâce aux repérages de la veille, on franchit le torrent et c'est parti pour une longue (mais agréable) marche d'approche. On avance bien, et on trouve même le pin brûlé dont parlent les pancartes (et qui soit disant n'existait pas). On trouve facilement le début de la via ferrata, et en 1h30 on est au pied de la voie.
peut être fut-ce trop rapide, mais dès L2 je me sens vraiment fatigué, avec des jambes commençant à être victimes de l'impitoyable tremblante du mouton. A moins que ce ne soit le stress, ou un début de grippe... Je commence à me dire que la journée va être très éprouvante, j'espère que Régis avec son "c'est de la dalle" aura raison et que le corps ne sera pas trop éprouvé.
Car en effet, les 9 premières longueurs sont de la dalle, et de la vraie ! ca déroule rarement, il faut toujours réfléchir et chercher les prises, que ce soit celles des mains ou des pieds. Le rocher est super agréable et adhérent par contre et une fois accoutumé, on se surprend à des mouvements improbables. Les 7 sont franchement lunaire et j'admire encore une fois la technique et le mental de mon leader qui enchaine (quasiment) tout...
Après ces 9 longueurs usantes, on s'octroie une petite pause. Le plus physique est devant nous, mais on essaie de se convaincre que si c'est plus prisu, ca déroulera peut être... Ah, la terrible propension humaine à espérer... J'ai heureusement retrouvé un peu d’énergie et je peux faire quelques longueurs devant, mais ce n'est clairement pas mon niveau, je manque de force, de technique, d'endurance... surtout que l'équipement ne fait pas de concessions, il faut faire le pas puis clipper. Régis se bat, le dernier 7b est vraiment dur.
Finalement, à part L12 très dure, on arrivera en haut en pas si mauvais état... c'est le lendemain perclus de courbatures qu'on se rendra compte de l'ampleur de l'aventure... et de l'imposture pour moi.
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