samedi 25 juillet 2020

Pic de bure : Pilier Desmaison

Un vieux projet enfin réalisé !

Aurelie est bien motivée pour grimper, le petit passage dans le Dévoluy m'a bien donné envie, donc c'est parti pour ce pilier mythique qui me faisait envie depuis nos débuts...

La météo est stable et je vérifie qu'il n'y a pas de vent prévu, connaissant la réputation du coin. Feu ! Arrivés au parking, un couple campe et nous confirme qu'ils veulent faire la voie demain... J'appréhendais un peu ce côté embouteillages mais il faut s'y faire, on a qu'à être meilleurs ou plus matinaux...

On monte poser le bivouac sous le pas du follet, peut-être cela nous donnera de l'avance. Premier crux, il faut contourner un troupeau et ses 5(!) patous bien agressifs; heureusement le vallon est large. 
Au bivouac, mauvaise surprise le vent est très fort, et glacial... En allant repérer l'accès je tiens à peine debout et même en doudoune je fais pas le malin. Connaissant l'appétance d'aurelie pour le froid, un sentiment pénible de doute commence à m'envahir et me gâche le plaisir du bivouac avec ma chérie... 
 
Cadre classe

D'autant plus qu'on découvre un autre couple qui bivouaque avec bien sûr le même projet pour le lendemain. Avec le couple du parking ça fait déjà trois cordées, à quoi il va falloir rajouter les cordées de grelous qui en ce samedi ne manqueront pas d'affluer. Le léger sentiment de doute s'épaissit. 
Petite consolation, aurelie se rend compte qu'elle connaît le couple voisin de bivouac puisqu'il s'agit d'un de ses jeunes collègues avec sa chérie suisse. Assez stressés, ils l'assaillent de questions et veulent attaquer les à notre heure de réveil. Bon, tant mieux ils seront loin devant nous. Et puis c'est pas si mal, car connaissant aurélie je sais que contrairement à moi, ça la met toujours en confiance d'être à côté d'autres grimpeurs pendant l'ascension. 

Le lendemain, enfin une bonne surprise, le vent semble être tombé. Si on arrive à se faufiler dans la file d'attente, on va peut-être pouvoir gravir ce satané pilier ! 
Après avoir vaguement démonté la tente, on va se jeter dans le pierrier immonde du col d'accès : ayant repéré le bon rappel, je mouline aurelie et on arrive sans soucis à l'attaque. Rapide état des lieux, 2 cordées sont déjà au départ : la cordée suisso-petzellienne, patiente derrière 2 gars, qui apparemment sont partis du parking ce matin. Sûrement impressionnés par la performance, les jeunes les ont laissés passer. Je trouve ça un peu étrange mais bon.. Je comprendrai plus tard. 
Il manque la cordée qu'on avait vue au parking hier ? Peut être ont ils prisuune sage décision de but devant l'affluence. 
Il y a moins de vent mais on a quand même assez froid... Surtout que ça n'avance guère devant. Déjà les deux "rapides" n'ont pas enchaîné L1 et L2 ; ensuite ils ont chacun un sac énorme et enfin ils s'y prennent très mal dans l'artif. Je commence à bouillir et à évaluer les plans B : il y a bien sûr les gillardes mais sans entraînement ça sent le piège pour aurelie ; reste des voies aux gicons, mais les voies faciles ne font pas rêver... Je tente un peu de pensée positive, les journées sont longues, il reste du temps, l'artif c'est un peu technique, avec un peu de chance ils avanceront mieux dans la suite. 
Après l'artif

On a doublé les collègues d'aurélie




C'est au tour de la cordée de jeunes : c'est encore pire, la copine semble n'avoir jamais tiré aux clou, elle se cramé d'entrée de jeu, je suis obligé de la téléguider d'en bas en lui expliquant l'intérêt des vaches en artif... Idem, ça fait 2 heures qu'on attend mais je me calme: je la vois partir ensuite en tête, c'c'est donc sûrement une bonne grimpeuse de couenne qui ne savait pas faire, tout va dérouler ! 

Arrivé au pied de la longueur clé, simple 6a/b, je manque de m'etrangler en voyant le collègue d'aurelie complètement au taquet, il fait des pauses, tire au clou, se fait encourager comme s'il enchaînait le 8a de sa vie. Mais on est où ? Il est presque midi, il reste encore une douzaine de longueurs, plus la descente, dans ma tête le but est quasi décidé.... Je talonne la seconde pour leur faire comprendre qu'il faut avancer mais peine perdue, la chérie suisse tire au clou, joue au saucisson dès que c'est raide, c'est n'importe quoi. Aurelie pour une fois est d'accord, il faut doubler sinon on va y passer la nuit. Je fais le gros sale en grimpant à côté de la ligne en clipant pas grand chose ce qui doit stresser la jeune fille, et je m'excuse auprès d'eux en disant qu'il est déjà tard... Heureusement le collègue d' aurélie est cool et il comprend bien. Ensuite je passe en mode machine, en doublant des longueurs et en grimpant vite, il faut dire que je suis dans mon élément, du 5+ pas méchant avec un itinéraire assez logique. 
Même aurélie me surprend, elle ne couine pas dans la traversée et grimpe plus vite que d'habitude. L'espoir renaît, on va enfin pouvoir gravir ce pilier ! 
 


Derrière je scrute le pierrier pour voir si les jeunes franco-suisses ont décidé de redescendre ou s'ils nous suivent. Pas de traces... On apprendra le lendemain qu'ils ont bien bivouaqué dans la voie, en pensant toute retraite impossible. Pourtant j'avais subtilement rappelé que jusqu'à r9 ça descendait en rappel... Mais peut-être avait il envie d'une nuit collé à sa chérie, version montagne du coup de la panne.







L'avant dernière fissure

Nous on avance sans surprise de dièdre en fissure, le topo est bien fait, l'escalade peu soutenue même si j'imaginais le rocher meilleur vue la fréquentation. On débouche au sommet vers 19h00 en pensant à steph avec tous ces planeurs qui nous entourent. 
Le moment du sommet est particulièrement étrange, j'avais tellement lu et vu de choses sur cette voie que tout m'est familier : la table d'orientation, la station scientifique... Me reviennent les récits de desmaison, moulin. Mais assez rêvassé, il faut descendre car celle ci ne semble pas triviale et j'aimerai mieux la faire de jour ! Pendant qu'aurelie essaie de trouver le numéro de son collègue, je cherche les cairns qui nous mènent au rappel. Ensuite c'est encore un peu scabreux mais on arrive enfin au bivouac ! Coup d'œil autour, pas de traces de la tente des jeunes, ils sont peut-être descendus... 
La nuit nous enveloppe rapidement mais peu importe, on est sur un beau sentier, rien ne peut nous arriver pensons nous, même si le spectre du patou nocturne est bien présent dans nos esprits fatigués. Et ça ne manque pas, on s'octroie encore un beau détour, ne voulant pas savoir si les monstres qui nous aboient dessus sont dans l'enclos  avec leurs frères moutons. Petite pensée pour le berger qu'on a du stresser pour rien... Mais bon les loups n'ont pas de frontale me semble t-il. 



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