Grand Manti : Dièdre du brouillard

Le mythe local des amateurs de fissures.

Dans le petit monde grelou, cette voie s'est taillée une belle réputation. Il faut dire qu'une ligne de fissures en bon rocher, quasiment pas équipée nécessitant du camalot 5 ou 6, sur presque 300 m, ca court pas les rues à 40 minutes de la maison.

Le mythe fait aussi un peu peur. Même Régis mon maître avait l'air un peu éprouvé à la sortie, et sur le papier je le comprends : du 6b+ soutenu en fissure avec 2 jeux de friends jusqu'au 3, plus  3 N°4, 2 N°5 et un N°6 aux fesses, avec une énorme traversée empêchant la retraite et peu de relais en place il y a de quoi calmer le plus excité des grimpeurs. Mais grâce à l'entrainement de l'année et à la confiance dans le partenaire je me sens assez serein ce mardi matin, malgré la nuit courte et la fatigue du lundi valentinois.

petit air de Yosemite lorsqu'on trie le matos

Mon seul stress en bon psychopathe des chaussons aura été de choisir ce que j'aurai au pied... Vendredi dernier mes miura m'ont mené au supplice, beaucoup de chaleur est annoncée donc je renonce aux chaussons serrés. Mais j'aimerai bien un peu de rigidité dans les futurs combats qui s'annoncent et hésite entre mes paires de pantoufles, quand je me souviens d'une paire de chaussons Décat confortables et un peu plus rigides : ce sera le bon choix.

approche bucolique mais bien sauvage

 Olive  a fait Dallum et a donc reperé l'approche. Tant mieux car c'est assez sanglier cette affaire.

J'attaque L1, l'envie d'en découdre est forte. En fait ca déroule bien, 6a sur du rocher moyen annonce le topo, c'est plutôt du 5b  sur un rocher plutôt pas si mal, c'est quoi le piège ?
Olive enchaine avec une L2 facile en traversée qui permet de rejoindre le pied du dièdre proprement dit... assez curieux de voir la bête !

J'entame donc ce dièdre... le rocher est en effet étonnant pour la chartreuse. Là où on s'attend à du rocher brisé, c'est solide... Mais alors qu'en général le rocher solide de la Chartreuse est lisse ici il est constellé de gouttes d'eau qui rendent l'escalade hyper agréable. Cette L3 en 6b+ déroule et me semble du même acabit qu'un 6a d'Archiane.

Olive dans L4

L4 déroule aussi, même si les relais feraient frémir certains internautes angoissés. Olive s'arrête un peu tôt et je finis sa longueur.

L5

Ca grimpe un peu plus ensuite, notamment au passage de la tige à cravater. La pression monte à l'approche de l'immense écaille où on traversera tout à l'heure...Olive s'y lance et place un peu tôt son numéro 6. Il râle car ses protections, placées à l'aveugle ne le rassurent pas, il retourne les bétonner  avant d'attaquer un petit passage privé de pieds. La niche où on fera le relais est juste là mais ça semble plus dur, il renacle. Je m'amuse à le voir couiner et placer 4 friends avant de se lancer dans la petit fuite en avant.

L7, L8 pour nous

Au relais

 En second c'est moins stressant, malgré le gaz prenant de ces lignes de fuites... Il faut dire que les prises sont excellentes et sentir qu'on a la caisse suffisante pour les tenir sans stress est hyper agréable. Cette longueur est quand même sacrément dingue !

la traversée de la mort

J'entame la deuxième partie de la traversée, en récupérant un piton, un cablé, une sangle et son mousqueton quasi neufs. Fréquentée cette voie finalement !
En vrai, comme disent les jeunes, ce sera le seul passage où on en chiera un peu. D'abord j'attaque un dièdre retord en cassant une énorme prise (alors que la voie semble passer plus à droite) et ensuite on réussit à coincer la corde de façon mystérieuse. Je m'épuise mais réussit à ravaler la rouge; Olive plus vraiment assuré se charge de décoincer le mic mac, le tout sur un relais moyen dans une grotte pas confortable. Ajoutons un petit bobo pour faire monter l'adrénaline mais finalement rien de grave, on va sortir !

La suite est plus terreuse et végétative mais on sort vite au sommet, on sera à l'heure pour les enfants en plus ! Quelle chance encore d'avoir ce terrain de jeu si proche...