mardi 18 juin 2019

Mont Blanc : En boucle par l'arete du Dôme et la face Nord

Journée mémorable en conclusion d'une saison qui ne le sera pas moins

Et oui la saison s'étirant avec de bonnes chutes de neige printanières, la forme étant à peu près là après une grosse saison, insidieusement l'idée de conclure par l'ascension du Mont Blanc s'insère dans mon esprit torturé.
Ayant    réussi à convaincre Mic qu'à la journée c'est bien faisable, nous sommes 2 névrosés qui scrutent la météo. On se décide pour ce mardi, même si la météo semble hasardeuse.

Et ce sera avec quelques questions qu'on  fera la route, sous les éclairs, et de gros doutes qu'on posera la camion au parking du tunnel, sous une atmosphère nuageuse, chaude et moite peu propice au ski...

Coucher vers 9h, curieusement je me sens hyper serein et j'arrive à dormir un peu, malgré un réveil à l'heure où je me couche habituellement (23h30 !)

Le départ à pied est agréable, le sentier monte régulièrement, j'impose à Mic un rythme plus cool, lui est déjà à bloc.

On a optimisé à fond le matos : Baudriers protos light, 1 broche, un mousqueton, un machard, une petite corde de 30 m, piolet light et crampons alu, c'est pas grand chose au final. Par contre moi j'ai des vrais skis, hors de question de re transiger sur le plaisir à la descente. Même si j'ai pris mes "petits" skis, ils font 80 au patin et pas 65 comme les allumettes de Mick.

D'après le gardien il  y a un peu de glace dans l'arête nord du dôme... On verra bien. Car après moults hésitations, on a opté pour ce chemin : ca semble le meilleur compromis entre risque et temps de parcours. Le  Tacul est plus court mais pas vraiment en conditions ; les plateaux sont  propices au ski mais les séracs suspendus font peur.

On chausse les skis après 2h de portage, qui passent vite dans la nuit. A ce moment il commence à bruiner... La perspective de buter est quasi certaine pour moi à ce moment. Mais la météo annoncait une amélioration, alors on s'y fie et on continue  vers les Grands Mulets

Vers les grand mulets
Ce temps doux et nuageux a au moins un avantage : il n'y a as eu de regel, et il est agréable de monter à ski sur une neige à peine ramollie. La même chose sur du carrelage nous aurait bien plus entamés.

On franchit la jonction à pied, encordés. C'est un des gros plaisirs de ces sorties, découvrir ces passages aux noms mythiques et se voir dedans, comme un schizophrène.
Le jour commence à se lever, et les nuages à partir... Et si finalement c'était grand beau temps ?

Cham au matin
L'ambiance commence à être grandiose entre séracs et sommets mythiques.
On arrive à skis sans problèmes à l'arête du Dôme, en se payant le luxe de dépasser des cordées parties du refuge.

La montée est en parfaite condition : bonne trace, un petit passage en glace mais qui se négocie sans soucis avec le matos light. Bien content de ne pas s'être encombrés de quarks, de 3 broches ou autres joyeusetés comme certaines cordées.

A  l'attaque de l'arête

il va faire beau !!

Sur l'arête du Dome
Au col du dôme, à près de 4000m, la fatigue commence à se faire sentir, d'autant qu'un vent froid nous accueille. Cela dit, on double encore quelques zombies donc ca ne va pas si mal.

Col du dôme
 On rechausse les skis et c'est incroyable comme on avance plus vite avec ces trucs aux pied...vraiment une invention magique pour parcourir la montagne enneigées. On commence à croiser des cordées à pied venues du Gouter, l'ambiance est cosmopolite, Mick est un peu choqué que personne ne réponde à ses salutations.

J'ai vraiment froid aux mains, mes gants tout neufs me décoivent... On s'octroie une pause dans le mythique abri vallot, bien plus joli que je ne me l'imaginais.

Vallot très propre
 Ensuite le calvaire commence avec  l'ascension de cette horrible arête des bosses...
Arête des bosses
Skis sur le sac, altitude, froid, fatigue de plus de 3000m de déniv  et du manque de sommeil, je suis un de ces zombies qu'on voit dans les videos et dont on se demande pourquoi ils vont la haut. Le mental prend alors le relais et impose au corps le rythme. Rythme de limace, mais vu que j'arrive à doubler des gens, ca doit pas être si mal. Par contre j'arrive pas à réchauffer, malgré tous mes vêtements, mes mains restent froides et ca m'enerve. Je n'ose imaginer ce que vivent les alpinistes à 8000m
Sommet !
Péniblement on sera au sommet à 9h. Les conditions sont idéales, car en contrebas, à l'abri du vent on arrive à se réchauffer. Congratulations, petite pause, discussion, coca et sandwich (la base) et on commence à penser à la descente.

Début de la face Nord
Car c'est quand même la cerise sur la gateau : une des plus belles descentes des Alpes s'offre à  nous, seuls, et en poudreuse s'il vous plait.
Les autres skieurs n'oseront pas y aller ( "Aurelien Ducroz a skié hier, bla bla, pas si facile" ) et les traces de la veille sont peu visibles, l'ambiance est incroyable au départ. Pente fuyantes, crevasses, séracs, c'est un rêve de skieur.
C'est parti


Petite poudre
Pas très malin
 Mick est un peu stressé par tout ça et il fonce devant, moi je profite de cette petite poudreuse en m'arrêtant sans doute un peu trop pour faire des photos.
Mick loin devant

On est pas en Belledonne pour  une fois

Au final il gère bien l'itinéraire,et c'est pas si facile. J'apprécie mes skis quand je vois qu'un excellent skieur comme Mick galère quand même un peu avec ses allumettes.

Tortueuse cette face Nord
 Arrivés sur les plateaux, la poudre laisse place à une neige transfo ou mes skis font merveille. La fatigue est oubliées avec  les belles courbes,miracle du ski.



Belles traces
 Car c'est grandiose cette descente... Plus de 2000 m de bon ski, journée mémorable donc.
Jonction de jour
On se rencorde pour la jonction, et reste le dernier crux : le sentier, à pied, interminable jusqu'à la voiture... Mais en revivant cette descente, le temps passera plus vite  !

l'itinéraire

















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