Un mythe à la hauteur de sa réputation
Pas mal d'hésitations au moment de choisir la voie du jour.
Bien sûr on lorgne du côté de la brandler-hasse, mais Régis est fatigué par son aventure de la veille, quand à moi je suis nul... Et la face, raide et longue en impose, d'autant plus qu'il n'y a pas de retraite facile.
Il y a d'autres possibilités, comme la Comici ou la cassin à la cima ovest. En plus on a peur de se geler en face nord, on envisage aussi le mur jaune à côté du Spigolo Giallo.
Après 15 lectures du topo, on arrête de baltringuer et on franchit le rubicon. Il n'y a que 4 longueurs de 7, et des vieux pitons pour tirer au clou, on devrait y arriver, munis de nos 50 polaires.
La marche d'approche est efficace, peu de monde à cette heure ci, à part les instagrammeurs de service. Faut avouer qu'au col, la vue est saisissante outre l'ampleur des faces, la verticalité est franchement provocante. L'ombre du versant nord n'aide pas à ragaillardir les couleurs du rocher, déjà bien ternes et austères... Bref on fait pas les malins.
On arrive vite au pied, comme toujours l'envie d'en découdre est motivante. Et puis une analyse plus rationnelle de la paroi nous rassure un peu. La ligne évite les parties deversantes au début et la partie raide des diedres ne semble pas si longue... Enfin si c'est bien ce qu'on croit, et si les parties mouillées ne le sont pas trop !
L2, on est contents |
J'attaque la première longueur, 60m de dièdre, ca va j'ai pas trop froid. petit moment de doute, le relais ne correspond pas au topo.
L'ambiance se creuse très vite, j'hallucine un peu d'être comme l'acteur des photos que j'ai vues tant de fois.
C'est raide |
Le début est grisant à grimper : un mur raide très prisu, plein de pieds et un rocher bien pus adhérent que je me l'imaginais. Avec parfois des trous concrétionnés, on se croirait dans les Calanques !
On avance bien en doublant les longueurs comme dans parois de Légende et on arrive vite sur les talons des allemands qui attaquent la partie raide. La vire où Alex Huber roupille pendant son solo nous permet de bouffer et d'évaluer la situation. C'est bien mouillé... mais le leader allemand semble arriver à grimper, c'est plutôt positif. Il semble fort, mais que ce soit pour les manips ou la grimpe, c'est lent !!
Les allemands dans les dévers |
Régis dans le 2ieme 7a |
Le premier 6c est sec, je fais un bon relais et Régis attaque le premier 7a qu'il enchaine malgré quelques prises mouillées.
Le deuxième 7a est pour moi... trempé je passe en mode artif, ca va c'est mon terrain le tire clou. Les pitons sont sacrément rouillés dans cet écosystème mais le Vercors m'a rodé à l'exercice, j'arrive à coté de l'allemand, assez paniqué par l'eau. Régis fait le 7a+ qui suit, quasiment sec et totalement majeur ! un bon dévers garni de bacs, avec le pierrier, 300m plus bas, qui est omniprésent et semble nous surveiller à chaque mouvement. Mythique !!
Le même vu d'en haut |
Sortie du dernier 7a |
Je finis le dernier 7a, tout aussi beau, dommage je suis entamé et je n'enchaine pas.
Reste ensuite des dièdres-fissures en V+/6a : on va sortir et on est euphoriques. Pendant que les allemands du Frankenjura galèrent, on rigole en inscrivant nos noms sur le livret, en cherchant des noms célèbres. Pas d'Edlinger, d'Huber ou de Manu Briot, le carnet est trop récent.
On cherche la descente dans l'ambiance dolomites |
Un peu énervés, on double les allemands en leur indiquant la variante de sortie d'Arnaud Petit. On fonce à corde tendue vers la vire circulaire, les nuages commencent à arriver et on voudrait pas galerer.
Régis fait le coucou en se greffant à nos 2 voisins anglais super sympa qui connaissent la descente et nus prêtent même leur corde ! Du coup on est en bas avant les filles, ca permet de boire une bière avec nos désormais amis anglais qui nous racontent leur quotidien de guides post brexit. Une sortie mémorable donc !
Magique ! |
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